Blog de Pierre Losio
 

 


« Vous ne l’avez peut-être connu qu’au célébrissime et regretté Bol d’Or qui s’est tenu de longues années à la Queue d’Arve de Genève…..mais, même s’il a vite compris qu’il ne deviendrait pas un « grand
bouliste », il est reconnu et apprécié sur toutes les grandes compétitions de notre sport : championnats de France, du monde, Masters, Trophée des Villes, Mondial de Millau, Comédie Montpellier…… qu’il a
« illustrées » de sa compétence, de sa
culture-pétanque, de sa rigueur dans le travail, de son empathie souriante et du respect qu’il porte aux organisateurs, aux joueurs-euses et au public.
Animateur-commentateur de pétanque ! Quel drôle de métier, non ? En connaissez-vous beaucoup ? Beaucoup qui aient son talent ?
Il nous livre, sans langue de bois, un regard lucide sur son parcours dans le monde de la petite boule, sur l’état de la « nation » pétanque et son avenir.
Je le remercie de son amitié et du temps qu’il a consacré pour répondre à ce questionnaire. »


 
Portrait de Marc ALEXANDRE


Depuis quand arpentes-tu les terrains de pétanque et animes-tu les concours ?
J'ai commencé à jouer vers l'âge de 12 ans, mais j'ai vite compris que je n'irais pas vers une grande carrière. On dit pourtant que les gauchers sont adroits... J'ai été arbitre départemental (Allier) à 18 ans, puis arbitre de ligue (Auvergne) à 22 ans. J'ai commencé à écrire pour le magazine national Sport Pétanque en 1984. C'est ce qui a initié la suite.

Pourquoi, comment et où cela a-t-il commencé ?
Dans les années 80 il n'existait pas d'animation spécifique à la pétanque. En 1989 Gérard Vituret, organisateur de l'International de Ruoms (Ardèche), m'a proposé d'animer sa manifestation de A à Z. C'était le début d'une aventure plutôt singulière.

Facile de se faire accepter…et respecter dans ce milieu particulier ?
Je connaissais déjà pas mal de monde dans le milieu de la pétanque. Après le travail et la patience ont fait le reste. La pyramide s'est bâtie gentiment. Le virage se situe en 1995, quand René Campos (l'animateur de Midi-Libre) tombe malade. Damien Mas (Millau) et Ernest Onillon (Comédie Pétanque) font alors appel à moi. Suivront les championnats de France, les championnats du monde, puis les Masters de Pétanque et le Trophée des Villes à partir de 2001.

Y a-t-il une préparation particulière pour chaque concours ?
En général je connais la spécificité de chaque manifestation, et les attentes des organisateurs. Si ça n'est pas le cas je m'adapte, je propose, j'invente parfois... L'idée est toujours de faire pour le mieux.

Tiens-tu des statistiques ?
Des statistiques non. Des archives en revanche oui. Car il faut des références pour épauler les commentaires. J'ai longtemps travaillé avec peu de notes, mais la multiplication de nouvelles compétitions a changé la donne. En 2000 beaucoup de compétitions n'existaient pas :
-Championnats du monde de tir de précision messieurs, dames et jeunes.
-Championnats d'Europe dames et messieurs (équipes et tir) ; tir jeunes ; Espoirs dames et messieurs (équipes).
-Championnats de France triplettes et individuel dames.
-Coupe de France et Coupe d'Europe des Clubs.
-Championnat National des Clubs (messieurs, dames, jeunes).
-Masters de Pétanque (1999) et Trophée des Villes.

Je t’ai lu citer Capeau…tu aimes cette génération …
D. Salvador…etc… ?
Ah oui. Quand je commence à animer c'est la période charnière entre cette génération de monstres sacrés (Roger Capeau, Pierre Brocca, René Lucchesi, Jean Kokoyan, Denis Salvador, Passo déjà), et celles des futures stars. Christian Fazzino, Daniel Voisin et Marco Foyot sont déjà là. Ils sont rejoints par Didier Choupay, Philippe Quintais. Il y a aussi Morillon, Loy, Ledantec. Et Suchaud n'est pas loin.


D’immenses concours comme Millau, Comédie Montpellier (etc) disparaissent…ton analyse :
Le contexte et les causes de ces disparitions sont à chaque fois différentes. A Comédie Pétanque Bernard Gasset avait pourtant les rênes bien en mains. Mais il était entouré d'une population chaque année plus pressante et exigeante, au point de faire mourir cette manifestation.
A Millau c'est la pression grandissante exercée par les autorités sur les organisateurs qui a précipité la décision. Perpétuer la même manifestation pendant plus de trente ans n'est déjà pas une sinécure. Si de surcroît le soutien de l'extérieur n'y est pas...
Organiser un événement de pétanque requiert de la compétence, du dévouement, et de l'abnégation. Ça ne suffit parfois pas, surtout dans le contexte économique actuel, qui complique grandement les choses. Les organisateurs qui s'appuyaient sur des contributions importantes des collectivités, et qui n'ont pas vu venir le coup, peuvent s'attendre à souffrir.

Les Masters de Pétanque (créés et organisés par Quarterback) sont-ils devenus indispensables (comme le Tour de France ?) ?
Les Masters de Pétanque ont vu le jour en 1999, et se sont ancrés dans le paysage pétanquiste au fil de leurs 17 années d'existence. La formule est originale, et met en lumière le sport pétanque de très haut niveau. La Thaïlande (finaliste en 2009), et Madagascar (vainqueur en 2014, finaliste en 2013 et 2015) ont confirmé le caractère vraiment international de cette compétition. Le plateau 2016 sera quant à lui carrément exceptionnel, avec une formidable équipe internationale (Rizzi, Weibel, Lakhal). Et la diffusion des Masters de Pétanque 2016 sur l'équipe 21, chaîne de la TNT 100%, sera un autre argument de poids, dans l'optique de vraiment démocratiser la pétanque.

L’avenir serait-il dans le trophée des Villes ?
Là aussi il s'agit d'une formule originale, où la collaboration des quatre joueurs scelle le résultat de l'équipe. C'est cette notion de collectif qui a permis d'écrire de belles épopées au Trophée des Villes (Orléans finaliste en 2007 ; Evreux finaliste en 2010 ; Marseille finaliste en 2011). Et que dire de la victoire d'Evreux devant Chalon-sur-Saône il y a quelques semaines...
Le Trophée des Villes, qui impose désormais la présence d'un joueur de moins de 22 ans aura également mis en lumière des talents naissants comme Jordan Champion (Dreux), Jessy Lacroix (Draguignan) ou Maxime Olivier (Evreux).

T’intéresses-tu, travailles-tu parfois pour la Lyonnaise et le Jeu Provençal ?
J'ai animé plusieurs fois le Grand Prix Midi-Libre à Nîmes. Le jeu provençal est un sport formidable. A condition d'être joué à bon niveau, parce que dans le cas contraire ça peut devenir interminable et barbant.
Avec Quarterback nous produisons et diffusons depuis quatre ans les images du Meeting GDP Vendôme, un événement qui a permis au sport boules de se faire une place sur le petit écran. La Lyonnaise c'est une culture complètement différente. Mais quel respect entre les joueurs, et quelle sérénité ...

Quel regard portes-tu sur la pétanque féminine ?
J'ai toujours été un fervent défenseur de la pétanque féminine. Et son expansion mondiale correspond bien à l'idée que l'on peut s'en faire. L'Espagne et la Thaïlande notamment, mènent un projet intéressant autour de leurs équipes féminines, et ça n'est pas étonnant si ces deux nations dominent. Le travail de coaches français à l'étranger (Pascal Verbrègue au Danemark, Didier Choupay en Allemagne) porte aussi ses fruits. Par contre le fait que la France n'ait plus été championne du monde depuis 1994 (Gelin-Innocenti-Moulin) est une vraie déception. L'arrivée de jeunes pousses comme Alison Rodriguez et Cindy Peyrot est un signal fort. Il ne faut pas le manquer.

Quel regard portes-tu sur la pétanque suisse ?
Evequoz-Ferraud-Theiler champions du monde en 1965-1966, Baldo-Vuignier-Haraz en 1976, et Camélique-Franzin-Savio (j'étais à Nevers) en 1980, tout ça commence à dater. La Suisse n'échappe pas à la difficulté des petites nations à s'inviter au concert mondial. Le fait que des joueurs français constituent l'ossature actuelle de l'équipe nationale suisse le montre bien.
La Suisse traverse une période incertaine, en attendant une nouvelle génération de jeunes talents.

Quelques mots sur le fameux « Bol d’Or de Genève » ……
Le Bol d'Or de Genève restera l'un des souvenirs marquants de ma carrière de speaker. D'abord parce que j'ai parlé longtemps avec Fernand Rudaz (l'organisateur de l'époque), à qui je disais « si je viens animer le Bol d'Or je travaillerai 30 heures non-stop », et lui me répondait « mais non, tu iras dormir la nuit, il y a peu de spectateurs ».
C'est finalement quand Marcellin Dayer a pris le Bol d'Or en mains que je suis venu au boulodrome de la Queue d'Arve. C'est là que Claude Kéberlé, inventeur du tir de précision pour la fédération internationale (dont il était un membre important) avait proposé la première démonstration du genre en février 2000. Avec Philippe Quintais et Frédéric Da Costa.

Le journal l’Equipe ne parle jamais de pétanque ; ton analyse :
Chaque chose vient à son heure. Si l'Equipe ne parle pas de pétanque c'est que la rédaction ne considère pas encore la pétanque comme un sport à part entière. Mais ça ne date pas d'aujourd'hui. En 1997, quand l'Equipe est entrée dans ses nouveaux locaux à Issy-les-Moulineaux, le Comité d'Entreprise avait organisé une grande journée festive avec tout le personnel du journal, sur le thème de... la pétanque !
Et au moment de féliciter les vainqueurs du tournoi amical organisé pour l'occasion Jérôme Bureau, alors rédacteur en chef de l'Equipe avait dit à mon micro « tant que je serai ici la pétanque n'entrera pas dans nos colonnes ». Mais c'était il y a 20 ans. La presse écrite connaît les difficultés que l'on sait. L'Equipe a désormais son pendant télévisuel avec l'Equipe 21, qui a réalisé de grosses audiences lors des fêtes de fin d'année grâce à la diffusion du Trophée des Villes. Donc...

La pétanque doit-elle encore se réformer ?
Je placerai l'insécurité sur les terrains au premier plan des soucis que connaît actuellement le sport pétanque. Les incivilités, les pressions, voire les menaces sont monnaie courante. C'est notamment pour cette raison que les compétitions par équipes de clubs remportent un franc succès, car l'enjeu est là uniquement sportif, et pas du tout pécuniaire.

La pétanque sera-t-elle un jour sport olympique ?
Le challenge de Paris 2024, porté très activement par la CMSB et son président Claude Azéma, est un beau rêve. L'opportunité d'accueillir, peut-être, les JO en France serait un très bon signal. Mais il faut créer les conditions d'une telle candidature à tous les échelons. Car le joueur qui n'est pas en position de pratiquer son sport dans des conditions optimales est sûrement loin d'espérer la pétanque aux JO.

… .enfin (et, cher Marc, ne me dis pas : « joker ») cite 5 joueurs-es (actuels et/ou passés) qui t’ont le plus impressionné :
Aline Dole ; Ranya Kouadri ; Thongsri Thamakord ; Marie-Christine Virebayre ; Angélique Papon.
Pierre Brocca ; René Lucchesi ; Didier Choupay ; Philippe Quintais ; Christian Fazzino.


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Mise à jour : 13.03.2016 22:35

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