Depuis quand arpentes-tu les terrains de pétanque et
animes-tu les concours ?
J'ai commencé à jouer vers l'âge de
12 ans, mais j'ai vite compris que je n'irais pas vers une grande carrière.
On dit pourtant que les gauchers sont adroits... J'ai été arbitre
départemental (Allier) à 18 ans, puis arbitre de ligue
(Auvergne) à 22 ans. J'ai commencé à écrire
pour le magazine national Sport Pétanque en 1984. C'est ce qui
a initié la suite.
Pourquoi, comment et où cela a-t-il commencé ?
Dans
les années 80 il n'existait pas d'animation spécifique à la
pétanque. En 1989 Gérard Vituret, organisateur de l'International
de Ruoms (Ardèche), m'a proposé d'animer sa manifestation
de A à Z. C'était le début d'une aventure plutôt
singulière.
Facile de se faire accepter…et respecter dans ce milieu
particulier ? 
Je connaissais déjà pas mal de monde dans le
milieu de la pétanque. Après le travail et la patience ont fait
le reste. La pyramide s'est bâtie gentiment. Le virage se situe
en 1995, quand René Campos (l'animateur de Midi-Libre) tombe
malade. Damien Mas (Millau) et Ernest Onillon (Comédie Pétanque)
font alors appel à moi. Suivront les championnats de France,
les championnats du monde, puis les Masters de Pétanque et le
Trophée des Villes à partir de 2001.
Y a-t-il une préparation particulière pour chaque
concours ?
En général je connais la spécificité de
chaque manifestation, et les attentes des organisateurs. Si ça
n'est pas le cas je m'adapte, je propose, j'invente parfois... L'idée
est toujours de faire pour le mieux.
Tiens-tu des statistiques ?
Des statistiques
non. Des archives en revanche oui. Car il faut des références pour épauler les commentaires. J'ai
longtemps travaillé avec peu de notes, mais la multiplication
de nouvelles compétitions a changé la donne. En 2000
beaucoup de compétitions n'existaient pas :
-Championnats du monde de tir de précision messieurs, dames
et jeunes.
-Championnats d'Europe dames et messieurs (équipes et tir) ;
tir jeunes ; Espoirs dames et messieurs (équipes).
-Championnats de France triplettes et individuel dames.
-Coupe de France et Coupe d'Europe des Clubs.
-Championnat National des Clubs (messieurs, dames, jeunes).
-Masters de Pétanque (1999) et Trophée des Villes.
Je t’ai lu citer Capeau…tu aimes cette génération …
D.
Salvador…etc… ?
Ah oui. Quand je commence à animer c'est la période
charnière entre cette génération de monstres sacrés
(Roger Capeau, Pierre Brocca, René Lucchesi, Jean Kokoyan, Denis
Salvador, Passo déjà), et celles des futures stars. Christian
Fazzino, Daniel Voisin et Marco Foyot sont déjà là.
Ils sont rejoints par Didier Choupay, Philippe Quintais. Il y a aussi
Morillon, Loy, Ledantec. Et Suchaud n'est pas loin.
D’immenses concours comme Millau, Comédie Montpellier
(etc) disparaissent…ton analyse :
Le contexte et
les causes de ces disparitions sont à chaque
fois différentes. A Comédie Pétanque Bernard Gasset
avait pourtant les rênes bien en mains. Mais il était
entouré d'une population chaque année plus pressante
et exigeante, au point de faire mourir cette manifestation.
A Millau c'est la pression grandissante exercée par les autorités
sur les organisateurs qui a précipité la décision.
Perpétuer la même manifestation pendant plus de trente
ans n'est déjà pas une sinécure. Si de surcroît
le soutien de l'extérieur n'y est pas...
Organiser un événement de pétanque requiert de
la compétence, du dévouement, et de l'abnégation. Ça
ne suffit parfois pas, surtout dans le contexte économique actuel,
qui complique grandement les choses. Les organisateurs qui s'appuyaient
sur des contributions importantes des collectivités, et qui
n'ont pas vu venir le coup, peuvent s'attendre à souffrir.
Les Masters de Pétanque (créés et organisés
par Quarterback) sont-ils devenus indispensables (comme le Tour de
France ?) ?
Les Masters de Pétanque ont vu le jour en 1999, et se sont
ancrés dans le paysage pétanquiste au fil de leurs 17
années d'existence. La formule est originale, et met en lumière
le sport pétanque de très haut niveau. La Thaïlande
(finaliste en 2009), et Madagascar (vainqueur en 2014, finaliste en
2013 et 2015) ont confirmé le caractère vraiment international
de cette compétition. Le plateau 2016 sera quant à lui
carrément exceptionnel, avec une formidable équipe internationale
(Rizzi, Weibel, Lakhal). Et la diffusion des Masters de Pétanque
2016 sur l'équipe 21, chaîne de la TNT 100%, sera un autre
argument de poids, dans l'optique de vraiment démocratiser la
pétanque.
L’avenir serait-il dans le trophée des Villes
?
Là aussi il s'agit d'une formule originale, où la collaboration
des quatre joueurs scelle le résultat de l'équipe. C'est
cette notion de collectif qui a permis d'écrire de belles épopées
au Trophée des Villes (Orléans finaliste en 2007 ; Evreux
finaliste en 2010 ; Marseille finaliste en 2011). Et que dire de la
victoire d'Evreux devant Chalon-sur-Saône il y a quelques semaines...
Le Trophée des Villes, qui impose désormais la présence
d'un joueur de moins de 22 ans aura également mis en lumière
des talents naissants comme Jordan Champion (Dreux), Jessy Lacroix
(Draguignan) ou Maxime Olivier (Evreux).
T’intéresses-tu, travailles-tu parfois pour la Lyonnaise
et le Jeu Provençal ?
J'ai animé plusieurs fois le Grand Prix Midi-Libre à Nîmes.
Le jeu provençal est un sport formidable. A condition d'être
joué à bon niveau, parce que dans le cas contraire ça
peut devenir interminable et barbant.
Avec Quarterback nous produisons et diffusons depuis quatre ans les
images du Meeting GDP Vendôme, un événement qui
a permis au sport boules de se faire une place sur le petit écran.
La Lyonnaise c'est une culture complètement différente.
Mais quel respect entre les joueurs, et quelle sérénité ...
Quel regard portes-tu sur la pétanque féminine
?
J'ai toujours été un fervent défenseur de la
pétanque féminine. Et son expansion mondiale correspond
bien à l'idée que l'on peut s'en faire. L'Espagne et
la Thaïlande notamment, mènent un projet intéressant
autour de leurs équipes féminines, et ça n'est
pas étonnant si ces deux nations dominent. Le travail de coaches
français à l'étranger (Pascal Verbrègue
au Danemark, Didier Choupay en Allemagne) porte aussi ses fruits. Par
contre le fait que la France n'ait plus été championne
du monde depuis 1994 (Gelin-Innocenti-Moulin) est une vraie déception.
L'arrivée de jeunes pousses comme Alison Rodriguez et Cindy
Peyrot est un signal fort. Il ne faut pas le manquer.
Quel regard portes-tu sur la pétanque suisse ?
Evequoz-Ferraud-Theiler
champions du monde en 1965-1966, Baldo-Vuignier-Haraz en 1976, et
Camélique-Franzin-Savio (j'étais à Nevers)
en 1980, tout ça commence à dater. La Suisse n'échappe
pas à la difficulté des petites nations à s'inviter
au concert mondial. Le fait que des joueurs français constituent
l'ossature actuelle de l'équipe nationale suisse le montre bien.
La Suisse traverse une période incertaine, en attendant une
nouvelle génération de jeunes talents.
Quelques mots sur le fameux « Bol d’Or de Genève » ……
Le
Bol d'Or de Genève restera l'un des souvenirs marquants
de ma carrière de speaker. D'abord parce que j'ai parlé longtemps
avec Fernand Rudaz (l'organisateur de l'époque), à qui
je disais « si je viens animer le Bol d'Or je travaillerai 30
heures non-stop », et lui me répondait « mais non,
tu iras dormir la nuit, il y a peu de spectateurs ».
C'est finalement quand Marcellin Dayer a pris le Bol d'Or en mains
que je suis venu au boulodrome de la Queue d'Arve. C'est là que
Claude Kéberlé, inventeur du tir de précision
pour la fédération internationale (dont il était
un membre important) avait proposé la première démonstration
du genre en février 2000. Avec Philippe Quintais et Frédéric
Da Costa.
Le journal l’Equipe ne parle jamais de pétanque
; ton analyse :
Chaque chose vient à son heure. Si l'Equipe ne parle pas de
pétanque c'est que la rédaction ne considère pas
encore la pétanque comme un sport à part entière.
Mais ça ne date pas d'aujourd'hui. En 1997, quand l'Equipe est
entrée dans ses nouveaux locaux à Issy-les-Moulineaux,
le Comité d'Entreprise avait organisé une grande journée
festive avec tout le personnel du journal, sur le thème de...
la pétanque !
Et au moment de féliciter les vainqueurs du tournoi amical organisé pour
l'occasion Jérôme Bureau, alors rédacteur en chef
de l'Equipe avait dit à mon micro « tant que je serai
ici la pétanque n'entrera pas dans nos colonnes ». Mais
c'était il y a 20 ans. La presse écrite connaît
les difficultés que l'on sait. L'Equipe a désormais son
pendant télévisuel avec l'Equipe 21, qui a réalisé de
grosses audiences lors des fêtes de fin d'année grâce à la
diffusion du Trophée des Villes. Donc...
La pétanque doit-elle encore se réformer ?
Je
placerai l'insécurité sur les terrains au premier
plan des soucis que connaît actuellement le sport pétanque.
Les incivilités, les pressions, voire les menaces sont monnaie
courante. C'est notamment pour cette raison que les compétitions
par équipes de clubs remportent un franc succès, car
l'enjeu est là uniquement sportif, et pas du tout pécuniaire.
La pétanque sera-t-elle un jour sport olympique
?
Le challenge de Paris 2024, porté très activement par
la CMSB et son président Claude Azéma, est un beau rêve.
L'opportunité d'accueillir, peut-être, les JO en France
serait un très bon signal. Mais il faut créer les conditions
d'une telle candidature à tous les échelons. Car le joueur
qui n'est pas en position de pratiquer son sport dans des conditions
optimales est sûrement loin d'espérer la pétanque
aux JO.
…
.enfin (et, cher Marc, ne me dis pas : « joker ») cite
5 joueurs-es (actuels et/ou passés) qui t’ont le plus
impressionné :
Aline Dole ; Ranya Kouadri ; Thongsri
Thamakord ; Marie-Christine Virebayre ; Angélique Papon.
Pierre Brocca ; René Lucchesi ; Didier Choupay ; Philippe Quintais
; Christian Fazzino.
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