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Georges, mon Ami,
Tu as décidé de faire le grand saut dans l’inconnu
en nous laissant là avec nos petits problèmes
quotidiens et le chagrin de ne plus t’avoir à nos
côtés. Tout a basculé pour toi en juin
2012, mais tu n’en savais trop rien encore. Ton calvaire
a véritablement commencé en septembre 2012. Aussi
longtemps que tes forces te l’ont permis tu as rempli
tes engagements à la perfection, portant même
secours à ceux qui en avaient besoin, comme à l’équipe
de Suisse à Marseille, oubliant tes soucis de santé.
Ensuite tu as trouvé le courage de me transmettre les
dossiers inachevés. |
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Une rencontre
C’est en février 1999 que nous nous sommes parlés
pour la première fois, à la soirée annuelle
d’Euroboules. Je venais de faire mon premier discours en
tant que président de l’ACGP et voulais avoir ton
avis. Tu m’as simplement répondu «qu’un
discours est toujours bon quand son auteur a quelque chose à dire».
Depuis ce jour, nous avons appris à nous connaître
et à partager toutes nos activités liées à pétanque
et ce, sans avoir jamais appartenu au même club. Notre première
grande aventure a été l’organisation des championnats
du monde en 2003 et la dernière est toujours en cours, les
championnats de Suisse, doublettes et triplettes mixtes. Nous la
terminerons sans toi, même si tu seras, tout au long de ces
journées, présent dans nos pensées et au centre
de nos conversations. Nous nous sommes aussi encouragés
pour aller en 2004 au comité directeur de la FSP avec l’objectif
de mettre en place le magnifique projet que les présidents
des associations cantonales et régionales élaboraient
depuis 2001. Malheureusement, les circonstances du moment ne nous
ont permis de concrétiser ce rêve.
62 ans de fidélité à la pétanque
C’est en 1952, que ton père prenait ta première
licence pour compléter une triplette. Depuis tu n’as
cessé de la renouveler cette fameuse licence, pour devenir
avec tes 62 exemplaires, le plus ancien licencié de Suisse.
De l’expérience tu en as accumulé. Depuis ton
plus jeune âge et jusqu’à aujourd’hui,
tu as été le meilleur bras droit, le meilleur soutien
qu’un président pouvait rêver. Il suffisait
qu’il évoque un désir, un problème,
une chose à faire, pour tout soit fait, à la perfection,
en temps et heure. En feuilletant les archives de la Jonquille,
j’ai retrouvé ta prose des années 60 qui était
tout autant élaborée et rigoureuse que celle de ces
dernières années. Une vie durant, tu es resté ce
chevalier disponible, à l’écoute des pétanqueurs, à l’écoute
des besoins de la pétanque et toujours prêt à apporter
les bonnes solutions, c’est-à-dire des solutions rationnelles,
laissant les émotions là où elles doivent
rester. Nombre de dirigeants te doivent une profonde reconnaissance
pour le soutien que tu leur as accordé, sans jamais leur
demander de partager les éloges qui te revenaient pourtant
de droit.
Une disponibilité sans
faille
Ta disponibilité sans faille pour le pétanque
(aussi
pour le football, puisque là également tu as assuré le
secrétariat de l’Association Cantonale Genevoise de
football pendant de très nombreuses années pour ne
pas parler de décennies) avait quelque part un coût.
Si tu as pu aussi, ces années durant, jouer le rôle
de patriarche, aimant et à l’écoute de chaque
membre de la famille Darbellay, c’est que tu as pu compter
sur ton épouse, Jacqueline, parfois rebelle, normale pour
une femme de caractère, mais assumant sans relâche
les affaires courantes du foyer à côté de ses
propres activités que ce soit à la pétanque,
avec son club des Cigales, ou en politique. Vous étiez tous
les deux fortement engagés, mais avez su garder l’équilibre
nécessaire à une vie harmonieuse.
Laisse-moi te dire aujourd’hui les deux traits de ton caractère
qui m’ont toujours impressionné :
- la fidélité à ton club, pratiquement
de la naissance de la Jonquille jusqu’à sa dissolution,
puis un passage à la Pétanque du Camp avec tes amis,
la fidélité à ton employeur, 50 ans dans la
même entreprise et la fidélité à tes
amis, qui ont chaque jour pu se féliciter de t’avoir
connu.
- ton aversion pour le premier poste,
généralement
celui de président. Ton rôle était de seconder
celui qui allait au front, celui qui menait le combat. Non que
tu n’aies été à même de l’assumer,
non que tu le craignais, mais tout simplement parce que tu estimais
que ce n’était pas à ce niveau, que tu étais
le plus efficace.
* * *
Georges, mon Ami, tu laisses derrière toi une famille qui
te pleure aujourd’hui et à qui je présente
mes plus sincères condoléances. Tu laisses derrière
toi des amis dans le chagrin, orphelin de tes bons mots et de tes
compétences. Tu nous manques déjà, nous obligeant
même à revoir nos projets.
Georges, mon Ami, repose en paix !
Marcellin
Genève, le 5 mars 2013
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